Souper de soutien 2025

Le 17 mai s’est tenu le souper de soutien 2025 de l’association RAJO. C’était l’occasion de revenir sur 15 ans de projets, de présenter les enjeux actuels et de témoigner des rencontres qui marquent !

Un immense merci aux participant·e·s ainsi qu’aux partenaires de la soirée !
— L'équipe RAJO

Résultat financier de la soirée

inscriptions : 7'900.-
Tombola, dons : 2'605.-
Recettes : 10'505.-
Dépenses : 1'570.40.-
Gains net : 8'934.60.-

Le clin d’œil de Malik

Lors de cette soirée organisée à l’OSEO de Sion, Malik nous a fait l’honneur de chanter son rap spécialement écrit pour l’occasion, lui qui avait été accueilli en Valais il y a 16 ans.

Parole du rap écrit et interprété par Malik

Wesh, tu sais pas c'que c'est, t’es né ici, t’as grandi ici,
Moi j’suis né là-bas, entre deux bombes et trois fusils.
Maman m’portait, mais j’voyais qu’elle portait plus lourd qu’moi,
J’comprenais pas, mais dans ses yeux j’lisais qu’y avait plus d’choix.

On a dormi dans un carton, roulé sous les roues d’un camion,
Chaque nuit un film d’action, chaque matin une déception.
Le passeur disait « tiens bon », mais son regard puait l’poison,
Un billet pour l’Occident, mais y a pas d’siège, que du béton.

Maman pleurait sans un bruit, la peur, la nuit, c’est pareil,
Les étoiles au-dessus brillent, mais nous, on brille que dans l’pare-brise.
Frontières après frontières, des langues qu’on pige pas,
Des visages qui jugent sec, des chiens qui mordent nos pas.

Les types parlaient d’liberté, mais nous, on la voit jamais,
Cachés sous des bâches percées, entre des pneus empilés.
J’avais froid, j’avais faim, maman disait « ferme les yeux »,
« Imagine un autre matin, avec du pain, sans les bleus ».

J’ai vu des mômes disparaître, des ombres s’éteindre sans bruit,
On nous traite de clandestins, mais on fuit pas pour l’plaisir.
Si la guerre c’est qu’un concept pour toi, pour nous c’est tout c’qu’on a,
Alors j’m’accroche à son bras, on arrive où ? On sait pas.

Mon frère est resté là-bas, il pouvait pas venir avec moi
On a pleuré sans un bruit, comme si c’était déjà la loi.
J’pense à lui dans chaque ville, j’vois son visage dans chaque vitre,
Il m’écrit qu’il va bien, mais j’sens qu’il dit ça pour l’style.
Maman serre les dents, elle dit qu’un jour on ira l’chercher,
Mais c’est quand, mais c’est où ? Qui va vraiment nous aider ?
Le temps passe, on s’adapte, mais l’passé reste collant,
J’vois son ombre dans la glace, j’entends sa voix dans le vent.

Et puis y a Abdi, un homme qui tend la main sans l’compter,
Il dit qu’il a fui lui aussi, il sait c’que c’est d’être rejeté.
Il nous guide, il nous parle, il nous traduit les galères,
Il prend des coups pour nous, mais jamais il baisse la tête.
Grâce à lui, y a une école, y a un toit, y a du répit,
Maman lui dit qu’c’est un ange, moi j’dis qu’c’est juste un vrai type.
Et malgré tout c’qu’on a vu, malgré tout c’qu’on a vécu,
Quand il parle, j’me dis qu’jsuis bien, que j’suis pas foutu.

Suisse, le mot résonne, j’vois pas d’montagnes, j’vois des juges,
Maman serre ma main, un p’tit sourire, un dernier doute.
On nous fouille, on nous compte, on nous met dans des cases,
Mais j’suis pas un chiffre, j’suis qu’un môme qui veut la classe.
Là-bas y a qu’du sang, ici y a qu’du froid,
Mais entre la peur et l’hiver, c’est quoi qu’t’aurais choisi toi ?
J’peux pas rentrer, j’ai plus d’chez moi, j’suis qu’une ombre sur leur carte,
Mais j’fais qu’vivre, j’fais qu’vivre, c’est un crime ou c’est normal ?

Et on court, et on court, le vent en pleine face,
Pour un jour, pour un jour, vivre sans qu’on nous chasse.
Ouais on court, ouais on court, pour un bout d’espace,
Mais dis-moi, mais dis-moi, pourquoi on nous glace ?

J’suis en Suisse, mais est-ce qu’j’suis vraiment là ?
On m’demande d’où j’viens, mais jamais où j’vais.
J’ai grandi entre deux langues, entre deux mondes tout noir,
Entre les souvenirs et l’envie d’faire ma place, sans qu’ça dérange.
Quand j’vois des types parler d’nous sans savoir,
J’ai envie d’leur dire : wesh, viens, mets-toi juste un soir,
Sous un carton, sous un train, sous une bâche, sous un nuage,
Et après ça, j’t’écoute, dis-moi c’que t’en penses, dis-moi si c’est un voyage.

[Outro]

J’ai rien volé, j’ai rien pris, j’veux juste un lit, un pays,
J’veux qu’ma daronne respire, j’veux pas qu’on m’parle d’avenir.
On m’a dit « intègre-toi », mais c’est moi qu’on laisse dehors,
J’ai fait qu’suivre l’espoir, j’ai pas choisi c’putain d’décor.
Wesh, pourquoi c’est nous l’problème, pourquoi c’est nous la crasse ?
On a déjà tout perdu, pourquoi on doit encore payer l’pass ?
Ya des violeurs des pedo qui se balade grand sourire
Et t'as nous étranger qui demandons juste un bel avenir